Mobilisation à la foire de St Martin de Crau

Le 14 février, nous étions rassemblés à la foire agricole de Saint Martin de Crau à l’appel du SGT PACA pour dénoncer les conditions de travail intolérables des berger.es dans la plaine de la Crau, où se concentrent les plus grosses exploitations ovines de France.

Nous accusons certains employeurs de profiter de la situation de vulnérabilité de certains travailleurs (détachés, sans papiers, non francophones, etc…) pour leur imposer des horaires excessifs, des salaires dérisoires, des logements précaires et des discriminations racistes et sexistes.
Le SGT souhaite briser l’omerta qui entoure la profession de berger.e et mettre à mal l’image d’un pastoralisme bucolique et vert. Il dénonce l’imaginaire du “bon berger” soumis et dévoué à son employeur, sacrifiant sa santé et sa vie de famille pour la passion du troupeau.

Nous exigeons également l’ouverture de négociations avec les employeurs et les syndicats agricoles des Bouches du Rhône pour prendre en compte les réalités et spécificités de leur métier, faire respecter le code du travail et en finir avec les abus manifestes.

 

A écouter : le reportage de Radio Aioli

Une « bonne estive », c’est quoi ?

En janvier s’ouvre la grande période de recherche des estives et alpages de l’été. En 2024, c’est quoi des conditions correctes? C’est combien un salaire décent ? Qu’est ce qu’on peut attendre d’éleveurs «reglos» ?
Pour tirer vers le haut les conditions de travail et de vie de toutes et tous, l’ABBASP et le SGT PACA vous donnent leur recommandations pour l’été 2024 !

Un métier-passion ?

La durée moyenne d’exercice du métier de berger n’est que de 5 ans !

Nous aimons notre travail, qui suppose évoluer dans des contextes difficiles et d’être confronté à des tâches complexes. Pourtant, ce n’est pas cela qui nous fait arrêter le métier, mais les conditions dans lesquelles nous exerçons.

Aujourd’hui, nous revendiquons, pour toutes et tous :

  • La reconnaissance de la totalité des heures travaillées ; des contrats de 46h systématiques avec des heures supplémentaires majorées.
  • Une prise en compte du temps de travail hors présence du troupeau : un rallongement du contrat de travail pour permettre la préparation à l’estive, des jours dédiés à la mise en état des équipements s’il y a lieu.
  • Une reconnaissance du savoir faire, de la pénibilité
  • Une augmentation de nos salaires : une grille salariale qui commence au palier 7 et qui prend en compte notre expérience.
  • Le droit au repos et aux congés payés : comme tous les saisonniers agricoles, nous comptons sur le chômage pour nous remettre des périodes intenses de travail que nous traversons. Nous exigeons le droit au repos compensatoire.
  • Une prime d’équipement systématique
  • Une prime pour l’entretien, l’éducation, la santé de nos chiens ainsi que la prise en charge des frais vétérinaires par l’employeur en cas de dommages survenus dans le cadre du travail.
  • Des hébergements étanches, salubres, dignes, chauffés, où il est possible de se laver, de manger, de dormir, d’avoir accès à l’eau.
  • Un droit de regard sur les bêtes dont nous prenons la charge.

Garantir aux saisonniers agricoles des conditions de travail et d’accueil dignes

Suite au colloc organisé le 1er décembre 2022 par la FNAF-CGT, une proposition de loi visant à garantir aux travailleurs saisonniers agricoles des conditions de travail et d’accueil dignes a été déposée par le député André Chassaigne :

https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/textes/l16b1967_proposition-loi#

Cette proposition de loi reprend plusieurs de nos revendications, notamment l’octroi de la prime de précarité pour les contrat saisonniers et la reconnaissance de l’expérience dans la branche.

Actuellement les travailleurs saisonniers ne bénéficient que d’une prime d’ancienneté liée aux périodes effectuées chez un même employeur. Or, le propre de nos carrières de travailleurs saisonniers, c’est que nous cumulons de nombreux employeurs. Notre expérience n’est donc pas valorisée, alors même que dans la plupart des offres d’emploi, les éleveurs recherchent des « bergers expérimentés »!

 

Les salariés agricoles en première ligne de l’exploitation

Article du travailleur alpin

Les salariés agricoles, comme les petits paysans, sont parmi les premiers à être frappés par l’indigence de leurs revenus. Ce qui n’est pas le cas des des grandes entreprises agricoles et des multinationales de l’agroalimentaire.

Le syndicat CGT des gardiens de troupeaux de l’Isère et la Fédération nationale agroalimentaire et forestière CGT (FNAF-CGT) partagent une préoccupation : faire entendre la voix des salariés agricoles dans la crise que traverse le pays. Car la FNAF le souligne : « Au bas mot, 40 % de la valeur de la production agricole est réalisée par un prolétariat précaire et smicardisé, pourcentage en constante augmentation du fait notamment des modifications structurelles de l’agriculture nationale ». « Nous nous battons pour que le Code du travail s’applique dans le milieu agricole. Salaires de misères, heures non rémunérées, logements insalubres, discriminations racistes et sexistes, accidents et morts au travail sont monnaie courante en agriculture », confirme le syndicat des gardiens de troupeaux.

Moins de contrôles, c’est aussi la surexploitation des salariés et de la nature

L’origine des difficultés ? Des lois, comme la loi Egalim, qui « ne visent qu’au partage des marges bénéficiaires au détriment des salariés, des petits et moyens paysans et des consommateurs », écrit la FNAF. Et « ce phénomène se conjugue à une socialisation toujours plus accentuée de l’agriculture, notamment au travers de la Politique agricole commune. Cette socialisation ne profite qu’à une couche restreinte des agriculteurs et de quelques grands groupes capitalistes. La population n’en voit pas la couleur. » Sans oublier que « moins de contrôles et de normes environnementales et sociales signifie à la fois une exploitation plus grande et des salariés et de la nature ».

Concentration au détriment des petits paysans

Le syndicat des gardiens de troupeaux ajoute que les principaux syndicats agricoles que sont la FNSEA, les Jeunes agriculteurs et la Confédération rurale sont aussi des syndicats d’employeurs de salariés agricoles, des organisations « partisanes d’un système capitaliste à bout de souffle, qui organisent la concentration des exploitations agricoles au détriment des petits paysans. Le trio FNSEA-JA-CR est aux ordres des multinationales de l’agro-business, comme en témoigne l’impressionnant CV du président de la FNSEA, Arnaud Rousseau ».

La FNAF appelle à sortir l’agriculture « de l’assujettissement aux lois du marché » et à construire « des convergences avec les forces progressistes et populaires, y compris agricoles et écologistes » avec « l’objectif de coopérations au niveau national et international ».

Le syndicat des gardiens de troupeaux estime que « nous pouvons choisir la planification démocratique de la production alimentaire, la construction de structures collectives, une socialisation de l’agriculture ouvrant la voie à la satisfaction des besoins alimentaires et non à l’enrichissement d’une poignée d’agro-businessmen ».