Notre travail aussi a un prix

Hier nous étions mobilisés à la foire agricole de Saint-Martin-de-Crau dans les Bouches du Rhône, à l’appel du SGT PACA. Les gardiens de troupeaux ont fait entendre leur voix lors de la remise des prix, où s’auto-congratulaient les gros exploiteurs de la plaine de la Crau. Les éleveursde la FNSEA qui auraient du siéger ce jour là en négociation à Paris ont préféré allé à la foire, après avoir annulé la discussion nationale sur les conditions de travail des gardiens de troupeaux.

En pleine remise des prix, une banderole a été déroulée au dessus de la scène, expliquant que notre travail aussi, avait un prix! Nous en avons marre de travailler gratuitement pour des éleveurs qui ne respectent ni nos droits, ni notre dignité.

Nos revendications

Voir les articles sur cette mobilisation :

La Marseillaise : Conditions de travail : les bergers ne sont pas des moutons

La Provence : Les gardiens de troupeaux se mobilisent à la foire de Saint-Martin-de-Crau pour demander davantage de droits

Objectif Gard : « la kermesse agricole », les bergers salariés bien loin d’être à la fête

Rassemblement à la foire agricole de Saint Martin de Crau

Nos syndicats CGT luttent depuis maintenant plus de deux ans pour l’obtention d’une convention collective pour les gardiens et gardiennes de troupeaux, ainsi que plus largement pour gagner des droits pour l’ensemble des travailleurs agricoles. En nous organisant, nous avons la volonté de mettre fin à l’impunité dont jouit le patronat agricole depuis toujours en ce qui concerne nos salaires, nos contrats minables, et nos conditions d’embauche. Nous avons face à nous un patronat agricole extrêmement organisé, principalement à la FNSEA et de plus en plus fasciste, comme le montre l’émergence de l’organisation de la Coordination Rurale.

Le 12 février, se tiendra à Saint Martin de Crau la foire agricole de printemps, grande parade pour les éleveurs de la Crau, connus pour imposer des conditions de travail d’un autre temps aux berger.es. C’est aussi un lieu où nous sommes nombreux et nombreuses à nous rendre pour rencontrer des éleveurs et trouver un poste pour l’été, pour acheter du matériel, et pour se rencontrer.

Le 12 février est également le jour où devait se tenir une négociation nationale à Paris, en présence des SGT-CGT et des représentants de la FNSEA. Comme la fois précédente, ces derniers annulent. Dans tous les départements aujourd’hui, le syndicat patronal trouve les excuses les plus bidons pour ne pas se confronter aux réalités que nous dénonçons. Depuis 2 ans que se tiennent ces réunions, toutes nos revendications ont été rejetées et les patrons n’ont pas fait une seule proposition.

Vu les conditions, ils n’ont effectivement aucun intérêt au changement !

Pourtant, la marge de progression est vaste dans notre métier : travail 7j/7, équipements à nos frais, heures non payées, journées de 16H, travail de nuit, manque d’eau potable, accidents, violences, logements insalubres, misogynie, travail au noir, exploitation de travailleurs étrangers sous payés…

Cela est notre quotidien. Nous n’avons donc pas grand-chose à perdre et tout à gagner !

Dans les Bouches-du-Rhône, malgré une très forte activité pastorale, aucune disposition spécifique sur les bergers n’existe, et les patrons sont bien contents que la convention collective des travailleurs agricoles soit si floue en ce qui concerne notre travail et nos tâches. Une bonne raison de ne pas l’appliquer ! Deux ans que nous demandons l’ouverture de négociations… Dans la Crau, se trouvent les plus gros moutonniers, ceux qui touchent jusqu’à 1 millions d’euros de subvention de la PAC, qui représentent la FDO et la FNSEA, et qui embauchent des dizaines de bergers et de bergères payés au lance pierre. Ils transhument leurs bêtes dans toutes les Alpes, et leurs bergers qui exercent en Savoie ou dans les Hautes Alpes n’ont pas droits aux mêmes avantages que leurs voisins de montagne dont les patrons sont domiciliés dans d’autres départements.

Nous nous mobilisons donc à la foire agricole le 12 Février, pour mettre la pression sur le patronat pour l’avancée de nos conditions de travail, la fin du travail gratuit, la fin de l’exploitation à outrance ! La situation ne doit plus durer !

Nous appelons tous les gardiens et toutes les gardiennes de troupeaux à venir nous retrouver dès 9h sur la foire, et à toutes les personnes solidaires à nous rejoindre !

En Savoie aussi, les patrons doivent payer !

Nouveau rassemblement ce 23 janvier, cette fois devant la chambre d’agriculture des Savoies pour dénoncer les mensonges des agriculteurs de la FDSEA et exiger la réouverture des négociations départementales. Travail au noir, salaire non versé, insultes, accidents, violences, logements insalubres… Alors que nous subissons des conditions de travail inacceptables, la FNSEA rejette toutes nos propositions pour faire de notre métier un métier vivable. Les éleveurs doivent cesser de se plaindre de ne plus trouver de salariés pour garder leurs animaux, car la faute en incombe à leur organisation patronale.

Écoutez le témoignage de Marie :

 

En agriculture aussi, les patrons doivent payer !

Nouvelle mobilisation devant le siège de la FDSEA38 pour lui imposer de tenir ses engagement auprès des salariés des alpages, notamment la prime d’équipement de 250€ mensuelle afin de rembourser l’équipement de travail et de sécurité, qui est aujourd’hui entièrement à la charge des salariés ! Le SGT38 demande la reprise immédiate des négociations départementales pour l’amélioration de nos salaires, de nos conditions de travail et la reconnaissance de notre métier.

Les élections en chambre d’agriculture et la concurrence acharnée que se livrent les organisations patronales offre un spectacle lamentable. A en croire les différentes postures des uns et des autres, c’est a celui qui sera le plus réactionnaire et le plus anti-écologique que reviendra le privilège de diriger cette usine à misère qu’est la chambre d’agriculture.

Dans ce contexte difficile, les ouvriers agricoles ne se laisseront pas abattre, pour la bonne et simple raison que nous n’avons rien a perdre que des salaires misérables et des conditions de travail d’un autre temps.

Déclaration du syndicat CGT des gardiens de troupeaux de l’Isère le 22 janvier 2025 à Moirans :

Nous profitons de cette mobilisation pour rappeler les conditions de travail déplorables que subissent les gardiens de troupeaux. Voici un aperçu des situations auxquelles ont fait face les salariés des alpages, durant la saison d’estive 2024 :

Voir les articles sur notre mobilisation:

Sur ici Isère: « C’est du mépris » : la colère des gardiens de troupeaux isérois après l’annulation de négociations avec la FDSEA

Sur Place Gre’net: Moirans : le Syndicat des gardiens de troupeaux CGT manifeste pour demander plus de droits pour les bergers

Sur le Travailleur Alpin: Chambre d’agriculture. Les salariés votent, eux aussi

Votez et faites voter CGT !

Du 15 au 31 janvier 2025, nous sommes appelé.e.s à voter en tant que salarié.e.s agricoles pour élire nos représentant.e.s en chambre d’agriculture pour les 6 années à venir.
Ce vote paraît éloigné et du terrain et de nos réalités. Mais c’est une action militante au même titre que les actions que l’on mène contre la FNSEA ! Les résultats obtenus à la fin des élections détermineront la représentativité, et donc le  poids, de notre syndicat dans les négociations départementales et nationales. En ce moment même, dans plusieurs départements, des négociations concernant les salaires et les conditions de travail des bergers.e.s sont en cours. Quant au niveau national, nous luttons pour une convention collective nationale pour les gardien.ne.s de troupeaux qui s’appliquerait partout en France.

Ces élections en chambre d’agriculture sont donc décisives pour continuer à peser dans les négociations en cours

Travail gratuit, heures supplémentaires jamais considérées, primes d’équipement inexistante ou jamais versée, salaire au rabais alors que nous sommes qualifié.e.s, chiens de conduite à notre entière charge, utilisation de nos véhicules personnels, etc.
Autant de situations qui doivent cesser. Nous avons besoin d’une convention collective pour pouvoir exercer correctement notre métier et en vivre ! Gardien.ne.s de troupeaux, saisonnier.ère.s et salarié.e.s agricoles, les élections en chambre d’agriculture sont une étape déterminante pour nos futures conditions de travail!

Pour nos revendications, votons toutes et tous pour les listes CGT aux élections en chambre d’agriculture !

Pour être inscrit sur une liste électorale des chambres d’agriculture, il faut avoir travaillé en agriculture au moins 3 mois entre juillet 2023 et juillet 2024. Si vous êtes inscrit.e.s sur les listes électorales, vous allez recevoir le matériel de vote par courrier, à l’adresse où vous êtes domicilié.e.s. Une fois reçu il vous faudra renvoyer votre vote par la poste — avec une enveloppe fournie à cet effet — à l’adresse indiquée. Il est aussi possible de voter par internet, en utilisant les codes reçus dans le courrier. Si vous ne recevez pas votre matériel de vote ou que les codes ne fonctionnent pas, prévenez-nous. Il sera possible de récupérer ses codes auprès de la préfecture.

Chaque voix compte !

L’exploitation des pâtres, la forêt cachée par l’arbre à clichés

Nouvel article à lire sur le site du NPA révolutionnaire

 

Révolutionnaires : Pouvez-vous nous parler de votre métier, dont la réalité est assez méconnue, et nous décrire vos conditions de travail ?

Damien, Charlotte : Derrière l’image bucolique que l’on a des bergers, l’exploitation capitaliste est rude.

Le travail est dur physiquement, pendant la saison on ne compte pas les heures. On a un contrat à 42 heures1 officiellement, mais, en réalité, on est plus entre 60 et 80 heures par semaine (suivant si double poste ou pas). Sachant qu’on peut bien sûr être amenés à intervenir de nuit.

De plus, les conditions d’hébergement sont généralement très mauvaises, surtout en hiver : on nous met dans des bungalows délabrés, sans chauffage.

Juridiquement, notre employeur est responsable de nos conditions d’hébergement. Mais ce sont souvent les mairies qui sont propriétaires des cabanes. Employeurs et mairies se renvoient la balle pour contourner leurs responsabilités. À savoir que c’est le Code rural qui encadre les conditions d’hébergement des travailleurs saisonniers, et que les exigences qu’il fixe sont déjà au ras des pâquerettes. Il faut ajouter qu’assurer la protection du troupeau dans un contexte de prédation nous oblige à toujours dormir auprès de celui-ci, tout en changeant régulièrement de quartier : il faut donc plusieurs cabanes sur une même estive. Lorsque les abris fixes ne sont pas disponibles, nous dormons dans des abris héliportés de 4 m2.

Il y a aussi l’encadrement juridique de notre profession qui est insuffisant et très disparate : les accords collectifs qui existent dans certains départements n’existent pas partout, et leur contenu est très variable. Comme tous les travailleurs saisonniers, nos contrats sont toujours précaires : il s’agit le plus souvent de CDD saisonniers (pas de prime de précarité), mais on peut aussi parler des contrats (TESA) : trois clics avec la MSA (Mutuelle sociale agricole) suffisent pour sortir un contrat. Dans les deux cas, nos employeurs sont très majoritairement exonérés de cotisations sociales. C’est pour cela qu’un de nos axes de lutte est l’inscription d’un avenant dans la convention collective nationale qui garantirait de bonnes conditions de travail et de rémunération pour toutes et tous.

Qu’est-ce que l’élevage de montagne aujourd’hui ? Quel est votre rapport avec les éleveurs ?

C’est un secteur énormément subventionné, on a plus l’impression que c’est pour l’image que cela renvoie que réellement pour la production derrière, mais les sommes qui sont mises par l’État ou l’Union européenne ne se répercutent pas sur les salaires des gardiens de troupeaux.

En fait, il y a toujours ce mythe enjolivé de la paysannerie française gardienne du patrimoine et des paysages. En France, les paysans sont devenus des agriculteurs. Qu’ils soient petits ou grands : ils sont avant tout exploitants agricoles. C’est important pour nous de revenir à une lecture matérialiste des rapports de production, sans quoi il nous est impossible de prendre conscience de notre exploitation et de nous situer correctement dans les rapports de classe. C’est un piège pour nous et pour nos collègues de penser qu’un groupe abstrait, celui des « paysans » engloberait joyeusement salariés et petits exploitants. Matériellement, un employeur – qu’il soit petit ou grand, vertueux ou fanatique du productivisme – perd quelque chose dans ce que l’on gagne en tant que salariés. L’exemple le plus frappant est celui des cotisations sociales : qui, au sein du patronat agricole, réclame leur paiement ? Il faut sortir d’une approche morale pour revenir à une lecture matérialiste, qui nous permette d’être lucides sur les rapports d’exploitation qui nous lient à nos employeurs, quels qu’ils soient.

La FNSEA négocie le rabaissement des conditions de travail et les normes environnementales, sous couvert de lutte pour l’existence des paysans, ou contre le libre-échange. Alors que déjà, de base, les salariés agricoles n’étaient pas beaucoup protégés, c’est de pire en pire. Les syndicats agricoles utilisent l’intérêt politique et médiatique autour de la souffrance des agriculteurs pour faciliter l’exploitation de leurs salariés, dont on ne parle jamais. Ajoutons que l’enjeu d’image est particulièrement fort pour eux en cette période d’élections en chambre d’agriculture.

Même la Confédération paysanne, qui pourtant porte des valeurs de gauche, se concentre – et c’est bien logique si on en revient à une grille de lecture matérialiste – sur la protection des intérêts propres de ses petits exploitants. Quand on essaie de négocier des augmentations de salaire, c’est le côté patronal qui prime, qu’on soit progressiste ou réac. Petits ou grand patrons de l’agriculture exploitent inéluctablement leurs salariés. Encore une fois, ce n’est pas un jugement moral mais un fait, nous, on a une lecture de classe de l’économie et on ne s’en cache pas.

Objectivement les petits agriculteurs n’ont pas grand intérêt à défendre le système en place, mais, d’ici à ce qu’ils se joignent aux travailleurs agricoles et surtout soutiennent leurs revendications, la marche est haute, vu que ça implique de s’attaquer à leurs petits profits.

Quels sont les objectifs de votre lutte ?

On ne nie pas qu’il y a une détresse agricole ; mais on ne peut pas en rester là pour trouver des solutions. Notre axe est de défendre nos conditions de travail et, plus largement, de faire entendre une autre voix dans les questions agricoles, une voix ouvrière avec notre point de vue de classe, que les syndicats d’exploitants agricoles masquent.

On a cherché à regrouper d’abord les gardiens de troupeaux. Le SGT est relativement récent, mais on a pas mal grossi en peu de temps. On compte aujourd’hui une grosse centaine d’adhérents sur toute la France (pour peut-être 1 500 gardiennes et gardiens de troupeaux, on a du mal à avoir les chiffres) et quatre SGT différents : Ariège, Alpes du Nord, Alpes du Sud et Cévennes.

Le choix de la CGT repose sur deux constats. Le premier est pragmatique : on s’est tournés vers une organisation syndicale représentative dans le secteur agricole, c’est ce qui nous permet de siéger en commission paritaire pour négocier nos conventions collectives. Cela nous ouvre aussi la porte d’autres instances, pas forcément décisives, mais qui nous permettent de montrer qu’on est là. La Fnaf (Fédération nationale agro-alimentaire et forestière de la CGT) nous accompagne d’abord dans les négociations territoriales et nationales des avenants « gardiens de troupeaux » aux conventions collectives. Les SGT ont établi un cadre revendicatif commun pour améliorer les conditions d’emploi, de travail et de rémunération des gardiens de troupeaux sur tous les massifs.

Aujourd’hui, nous souhaitons également travailler à la convergence des luttes dans les secteurs agricoles en élargissant nos perspectives à tous les ouvriers et saisonniers du secteur. La Fnaf a un rôle important à jouer là-dedans, mais les UD et UL locales également.

Le deuxième est politique : on a fait le choix d’une organisation syndicale combative qui ne considère pas le dialogue social comme une fin en soi, mais qui revendique son héritage marxiste et soutien statutairement le rôle historique du mouvement ouvrier.

Nous menons aussi des actions de notre section pour rendre visible la lutte et faire pression sur le patronat agricole. Quelques objectifs que nous nous donnons :

  • Apparaître dans les kermesses patronales locales, se confronter aux éleveurs et rencontrer les pâtres dans les territoires : foires et salons agricoles.
  • Exister dans le paysage local en organisant des rassemblements, des conférences et des cafés prolos pour imposer nos thématiques et notre discours.
  • Élever d’un cran la défense des travailleurs en utilisant de manière systématique et stratégique le recours aux prud’hommes. Avoir une attitude plus offensive.
  • Solliciter les médias et les organisations politiques à toutes les échelles et les confronter à leurs ignorances et contradictions sur le monde du travail en agriculture.

La FDSEA des Savoies met fin aux négociations départementales

De manière unilatérale, les agriculteurs de la FDSEA des Savoies ont mis fin, le vendredi 13 décembre 2024, aux négociations départementales pour les gardiens de troupeaux.

Un pas en avant, trois pas en arrière

Alors même que nous nous étions mis d’accord sur le défraiement d’une partie de l’équipement obligatoire des gardiens de troupeaux, la fin des négociations dans les Savoies sabote les maigres avancées que nous étions sur le point d’obtenir.

La FDSEA tient un double discours

Tout en se présentant en défenseur du dialogue social, elle met en place un chantage bureaucratique : soit on remet à plat le travail d’un an de discussions en changeant le périmètre des négociations en cours, soit c’est la fin de toute négociation. Nous ne sommes pas dupe et refusons ce chantage. D’un coté, la FRSEA nous impose un nouvel échelon régional pour « homogénéiser » les accords. D’un autre coté, les négociations nationales, qui répondent déjà à cet objectif, pataugent du seul fait de la FNSEA, qui annule les négociations sans même plus prendre la peine de nous donner un motif.

Où sont les promesses ?

A tous les niveaux, le patronat agricole adopte une attitude déloyale, revenant systématiquement sur les engagements qu’ils ont pu prendre lors des différentes commissions. Dès l’ouverture des négociations nationales, Jérome Volle, vice président de la FNSEA, nous a assuré le maintient des négociations départementales. Nous dénonçons ce mensonge et nous exigeons la réouverture des négociations départementales en Savoie et Haute-Savoie.

Le syndicat patronal n’assume pas ses responsabilités

Par ses agissements, la FNSEA met une balle dans le pied de tous les éleveurs pastoraux qu’ils sont censés représenter. Il y avait urgence à encadrer, de manière collective, le travail des salariés d’alpage. Au lieu de quoi, les éleveurs de la FDSEA nous encouragent littéralement à dénoncer les mauvais patrons devant le tribunal des prud’hommes. Or, l’organisation du travail en estive est telle que tous les éleveurs sont hors la loi, que ce soit au niveau du temps de travail, du salaire, du droit au repos, du logement, de la potabilité de l’eau, de l’équipement, de la sécurité… Le comportement de ces agriculteurs ne fait que renforcer notre détermination. Nous les prenons au mot et déclarons la fin de l’impunité pour les éleveurs. Des prud’hommes vont effectivement avoir lieu contre les éleveurs. Les salariés ne doivent plus se laisser faire.

Les patrons doivent comprendre qu’ils ne peuvent plus bafouer nos droits

Nous subissons des conditions de travail moyenâgeuses : travail au noir, salaire non versé, insultes, accidents, violences, logements insalubres… Les patrons doivent comprendre qu’ils ne peuvent plus rémunérer les salariés d’alpage au SMIC, s’asseyant ainsi sur la classification des emplois en agriculture. Ils doivent comprendre que nous ne sommes pas des tacherons et que nos heures de travail doivent être comptabilisées et rémunérées. Que le jour de repos hebdomadaire n’est pas une option. Que l’eau fournie doit être potable. Que nos équipements de travail doivent être à la charge des employeurs. Tout cela ne peut plus durer. Aujourd’hui les salariés s’organisent et se battent pour pouvoir travailler et vivre dans la dignité.

Face au nouveau cirque du patronat agricole, la voix des ouvrier.ère.s de l’agriculture doit se faire entendre

Suite à leur mouvement de grogne de l’hiver dernier, les patrons de l’agriculture ont bénéficié des faveurs du pouvoir en place : casse des droits sociaux, exonérations de cotisations sociales, réduction drastique des contrôles, abandon de nombreuses normes environnementales visant à protéger les salariés et la nature, sans compter la bienveillance de la police et des préfectures devant leurs actions violentes.

Le patronat agricole s’est fait confirmer ses privilèges

Les exploitants et propriétaires du monde rural, petits et grands, ultra-libéraux ou poujadistes, paysans ou agro-industriels, ont à leur avantage des dispositions d’exception qui précarisent le salariat agricole pourtant indispensable au fonctionnement de leurs exploitations. Mais les largesses gouvernementales ne suffisent plus. Depuis plusieurs semaines, sous couvert d’une opposition opportuniste au MERCOSUR, les revoilà sur leurs tracteurs, bien décidés à faire voler en éclat ce qu’il reste de normes sociales et environnementales, dans le mépris le plus total des centaines de milliers d’ouvrier·ère·s agricoles toujours plus exposé·e·s aux violences, aux accidents de travail, à la maladie et à la précarité.

Le salariat paye seul les pots cassés de la destruction des normes sociales en agriculture

Dans le contexte des élections en Chambre d’agriculture, la FNSEA et la CR font dans la surenchère. Toujours plus à droite, toujours plus réactionnaires, ces organisations promettent une exploitation encore plus brutale et plus intense du salariat agricole, pour multiplier les profits. De son côté, la Confédération Paysanne est incapable de combattre le capitalisme agricole et ne reconnaît pas l’exploitation de son salariat.

La situation dans laquelle se trouve l’agriculture est grave. Elle s’inscrit plus largement dans une crise systémique du capitalisme

Une rupture avec ce système est indispensable pour qu’advienne un changement de modèle agricole capable de garantir les besoins alimentaires de tous et toutes, dans des conditions durables. Cela passera notamment par l’arrêt définitif du saccage des territoires et la mise en pratique de nouvelles formes collectives du travail de la terre.

Seuls les ouvrier·ère·s agricoles, sont capables de mener à bien cette rupture, pour qu’enfin, notre travail serve à la satisfaction des besoins et non à l’enrichissement de quelques uns.

OUVRIER·ÈRE·S AGRICOLES DE TOUS LES PAYS, UNISSONS-NOUS