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Quand il est question d’agriculture en générale et du modèle agricole

Votez et faites voter CGT !

Du 15 au 31 janvier 2025, nous sommes appelé.e.s à voter en tant que salarié.e.s agricoles pour élire nos représentant.e.s en chambre d’agriculture pour les 6 années à venir.
Ce vote paraît éloigné et du terrain et de nos réalités. Mais c’est une action militante au même titre que les actions que l’on mène contre la FNSEA ! Les résultats obtenus à la fin des élections détermineront la représentativité, et donc le  poids, de notre syndicat dans les négociations départementales et nationales. En ce moment même, dans plusieurs départements, des négociations concernant les salaires et les conditions de travail des bergers.e.s sont en cours. Quant au niveau national, nous luttons pour une convention collective nationale pour les gardien.ne.s de troupeaux qui s’appliquerait partout en France.

Ces élections en chambre d’agriculture sont donc décisives pour continuer à peser dans les négociations en cours

Travail gratuit, heures supplémentaires jamais considérées, primes d’équipement inexistante ou jamais versée, salaire au rabais alors que nous sommes qualifié.e.s, chiens de conduite à notre entière charge, utilisation de nos véhicules personnels, etc.
Autant de situations qui doivent cesser. Nous avons besoin d’une convention collective pour pouvoir exercer correctement notre métier et en vivre ! Gardien.ne.s de troupeaux, saisonnier.ère.s et salarié.e.s agricoles, les élections en chambre d’agriculture sont une étape déterminante pour nos futures conditions de travail!

Pour nos revendications, votons toutes et tous pour les listes CGT aux élections en chambre d’agriculture !

Pour être inscrit sur une liste électorale des chambres d’agriculture, il faut avoir travaillé en agriculture au moins 3 mois entre juillet 2023 et juillet 2024. Si vous êtes inscrit.e.s sur les listes électorales, vous allez recevoir le matériel de vote par courrier, à l’adresse où vous êtes domicilié.e.s. Une fois reçu il vous faudra renvoyer votre vote par la poste — avec une enveloppe fournie à cet effet — à l’adresse indiquée. Il est aussi possible de voter par internet, en utilisant les codes reçus dans le courrier. Si vous ne recevez pas votre matériel de vote ou que les codes ne fonctionnent pas, prévenez-nous. Il sera possible de récupérer ses codes auprès de la préfecture.

Chaque voix compte !

L’exploitation des pâtres, la forêt cachée par l’arbre à clichés

Nouvel article à lire sur le site du NPA révolutionnaire

 

Révolutionnaires : Pouvez-vous nous parler de votre métier, dont la réalité est assez méconnue, et nous décrire vos conditions de travail ?

Damien, Charlotte : Derrière l’image bucolique que l’on a des bergers, l’exploitation capitaliste est rude.

Le travail est dur physiquement, pendant la saison on ne compte pas les heures. On a un contrat à 42 heures1 officiellement, mais, en réalité, on est plus entre 60 et 80 heures par semaine (suivant si double poste ou pas). Sachant qu’on peut bien sûr être amenés à intervenir de nuit.

De plus, les conditions d’hébergement sont généralement très mauvaises, surtout en hiver : on nous met dans des bungalows délabrés, sans chauffage.

Juridiquement, notre employeur est responsable de nos conditions d’hébergement. Mais ce sont souvent les mairies qui sont propriétaires des cabanes. Employeurs et mairies se renvoient la balle pour contourner leurs responsabilités. À savoir que c’est le Code rural qui encadre les conditions d’hébergement des travailleurs saisonniers, et que les exigences qu’il fixe sont déjà au ras des pâquerettes. Il faut ajouter qu’assurer la protection du troupeau dans un contexte de prédation nous oblige à toujours dormir auprès de celui-ci, tout en changeant régulièrement de quartier : il faut donc plusieurs cabanes sur une même estive. Lorsque les abris fixes ne sont pas disponibles, nous dormons dans des abris héliportés de 4 m2.

Il y a aussi l’encadrement juridique de notre profession qui est insuffisant et très disparate : les accords collectifs qui existent dans certains départements n’existent pas partout, et leur contenu est très variable. Comme tous les travailleurs saisonniers, nos contrats sont toujours précaires : il s’agit le plus souvent de CDD saisonniers (pas de prime de précarité), mais on peut aussi parler des contrats (TESA) : trois clics avec la MSA (Mutuelle sociale agricole) suffisent pour sortir un contrat. Dans les deux cas, nos employeurs sont très majoritairement exonérés de cotisations sociales. C’est pour cela qu’un de nos axes de lutte est l’inscription d’un avenant dans la convention collective nationale qui garantirait de bonnes conditions de travail et de rémunération pour toutes et tous.

Qu’est-ce que l’élevage de montagne aujourd’hui ? Quel est votre rapport avec les éleveurs ?

C’est un secteur énormément subventionné, on a plus l’impression que c’est pour l’image que cela renvoie que réellement pour la production derrière, mais les sommes qui sont mises par l’État ou l’Union européenne ne se répercutent pas sur les salaires des gardiens de troupeaux.

En fait, il y a toujours ce mythe enjolivé de la paysannerie française gardienne du patrimoine et des paysages. En France, les paysans sont devenus des agriculteurs. Qu’ils soient petits ou grands : ils sont avant tout exploitants agricoles. C’est important pour nous de revenir à une lecture matérialiste des rapports de production, sans quoi il nous est impossible de prendre conscience de notre exploitation et de nous situer correctement dans les rapports de classe. C’est un piège pour nous et pour nos collègues de penser qu’un groupe abstrait, celui des « paysans » engloberait joyeusement salariés et petits exploitants. Matériellement, un employeur – qu’il soit petit ou grand, vertueux ou fanatique du productivisme – perd quelque chose dans ce que l’on gagne en tant que salariés. L’exemple le plus frappant est celui des cotisations sociales : qui, au sein du patronat agricole, réclame leur paiement ? Il faut sortir d’une approche morale pour revenir à une lecture matérialiste, qui nous permette d’être lucides sur les rapports d’exploitation qui nous lient à nos employeurs, quels qu’ils soient.

La FNSEA négocie le rabaissement des conditions de travail et les normes environnementales, sous couvert de lutte pour l’existence des paysans, ou contre le libre-échange. Alors que déjà, de base, les salariés agricoles n’étaient pas beaucoup protégés, c’est de pire en pire. Les syndicats agricoles utilisent l’intérêt politique et médiatique autour de la souffrance des agriculteurs pour faciliter l’exploitation de leurs salariés, dont on ne parle jamais. Ajoutons que l’enjeu d’image est particulièrement fort pour eux en cette période d’élections en chambre d’agriculture.

Même la Confédération paysanne, qui pourtant porte des valeurs de gauche, se concentre – et c’est bien logique si on en revient à une grille de lecture matérialiste – sur la protection des intérêts propres de ses petits exploitants. Quand on essaie de négocier des augmentations de salaire, c’est le côté patronal qui prime, qu’on soit progressiste ou réac. Petits ou grand patrons de l’agriculture exploitent inéluctablement leurs salariés. Encore une fois, ce n’est pas un jugement moral mais un fait, nous, on a une lecture de classe de l’économie et on ne s’en cache pas.

Objectivement les petits agriculteurs n’ont pas grand intérêt à défendre le système en place, mais, d’ici à ce qu’ils se joignent aux travailleurs agricoles et surtout soutiennent leurs revendications, la marche est haute, vu que ça implique de s’attaquer à leurs petits profits.

Quels sont les objectifs de votre lutte ?

On ne nie pas qu’il y a une détresse agricole ; mais on ne peut pas en rester là pour trouver des solutions. Notre axe est de défendre nos conditions de travail et, plus largement, de faire entendre une autre voix dans les questions agricoles, une voix ouvrière avec notre point de vue de classe, que les syndicats d’exploitants agricoles masquent.

On a cherché à regrouper d’abord les gardiens de troupeaux. Le SGT est relativement récent, mais on a pas mal grossi en peu de temps. On compte aujourd’hui une grosse centaine d’adhérents sur toute la France (pour peut-être 1 500 gardiennes et gardiens de troupeaux, on a du mal à avoir les chiffres) et quatre SGT différents : Ariège, Alpes du Nord, Alpes du Sud et Cévennes.

Le choix de la CGT repose sur deux constats. Le premier est pragmatique : on s’est tournés vers une organisation syndicale représentative dans le secteur agricole, c’est ce qui nous permet de siéger en commission paritaire pour négocier nos conventions collectives. Cela nous ouvre aussi la porte d’autres instances, pas forcément décisives, mais qui nous permettent de montrer qu’on est là. La Fnaf (Fédération nationale agro-alimentaire et forestière de la CGT) nous accompagne d’abord dans les négociations territoriales et nationales des avenants « gardiens de troupeaux » aux conventions collectives. Les SGT ont établi un cadre revendicatif commun pour améliorer les conditions d’emploi, de travail et de rémunération des gardiens de troupeaux sur tous les massifs.

Aujourd’hui, nous souhaitons également travailler à la convergence des luttes dans les secteurs agricoles en élargissant nos perspectives à tous les ouvriers et saisonniers du secteur. La Fnaf a un rôle important à jouer là-dedans, mais les UD et UL locales également.

Le deuxième est politique : on a fait le choix d’une organisation syndicale combative qui ne considère pas le dialogue social comme une fin en soi, mais qui revendique son héritage marxiste et soutien statutairement le rôle historique du mouvement ouvrier.

Nous menons aussi des actions de notre section pour rendre visible la lutte et faire pression sur le patronat agricole. Quelques objectifs que nous nous donnons :

  • Apparaître dans les kermesses patronales locales, se confronter aux éleveurs et rencontrer les pâtres dans les territoires : foires et salons agricoles.
  • Exister dans le paysage local en organisant des rassemblements, des conférences et des cafés prolos pour imposer nos thématiques et notre discours.
  • Élever d’un cran la défense des travailleurs en utilisant de manière systématique et stratégique le recours aux prud’hommes. Avoir une attitude plus offensive.
  • Solliciter les médias et les organisations politiques à toutes les échelles et les confronter à leurs ignorances et contradictions sur le monde du travail en agriculture.

Face au nouveau cirque du patronat agricole, la voix des ouvrier.ère.s de l’agriculture doit se faire entendre

Suite à leur mouvement de grogne de l’hiver dernier, les patrons de l’agriculture ont bénéficié des faveurs du pouvoir en place : casse des droits sociaux, exonérations de cotisations sociales, réduction drastique des contrôles, abandon de nombreuses normes environnementales visant à protéger les salariés et la nature, sans compter la bienveillance de la police et des préfectures devant leurs actions violentes.

Le patronat agricole s’est fait confirmer ses privilèges

Les exploitants et propriétaires du monde rural, petits et grands, ultra-libéraux ou poujadistes, paysans ou agro-industriels, ont à leur avantage des dispositions d’exception qui précarisent le salariat agricole pourtant indispensable au fonctionnement de leurs exploitations. Mais les largesses gouvernementales ne suffisent plus. Depuis plusieurs semaines, sous couvert d’une opposition opportuniste au MERCOSUR, les revoilà sur leurs tracteurs, bien décidés à faire voler en éclat ce qu’il reste de normes sociales et environnementales, dans le mépris le plus total des centaines de milliers d’ouvrier·ère·s agricoles toujours plus exposé·e·s aux violences, aux accidents de travail, à la maladie et à la précarité.

Le salariat paye seul les pots cassés de la destruction des normes sociales en agriculture

Dans le contexte des élections en Chambre d’agriculture, la FNSEA et la CR font dans la surenchère. Toujours plus à droite, toujours plus réactionnaires, ces organisations promettent une exploitation encore plus brutale et plus intense du salariat agricole, pour multiplier les profits. De son côté, la Confédération Paysanne est incapable de combattre le capitalisme agricole et ne reconnaît pas l’exploitation de son salariat.

La situation dans laquelle se trouve l’agriculture est grave. Elle s’inscrit plus largement dans une crise systémique du capitalisme

Une rupture avec ce système est indispensable pour qu’advienne un changement de modèle agricole capable de garantir les besoins alimentaires de tous et toutes, dans des conditions durables. Cela passera notamment par l’arrêt définitif du saccage des territoires et la mise en pratique de nouvelles formes collectives du travail de la terre.

Seuls les ouvrier·ère·s agricoles, sont capables de mener à bien cette rupture, pour qu’enfin, notre travail serve à la satisfaction des besoins et non à l’enrichissement de quelques uns.

OUVRIER·ÈRE·S AGRICOLES DE TOUS LES PAYS, UNISSONS-NOUS

Le salariat agricole, l’animal et l’agro-industrie : discussion avec Jocelyne Porcher

Belle première pour Massif Attaque Pyrénées. Une bonne fréquentation malgré la pluie, des stands vivants, beaucoup de rencontres, des prises de parole variées, et du son lourd en soirée !

L’actu des lutte consacre une première émission au rassemblement de gardien.nes de troupeaux en lutte organisé à Batsère le 27 avril dernier. Un premier podcast qui raconte dans quelle démarche on a organisé cette rencontre, et qui restitue la discussion que nous avons eu avec Jocelyne Porcher !

Peut-on émanciper le travail (humain et animal) sans abattre le capitalisme et les rapports de production qui lui sont propre?

Au SGT, on pense que NON, et on en discute ici :

https://actualitedesluttes.info/emission/massif-attaque-le-rassemblement-de-la-sgt

La deuxième discussion (Lily Zalzett) fera l’objet d’un autre épisode.

Bonne écoute !

Les ouvrier.es agricoles envahissent le salon de l’agriculture

Aujourd’hui, à l’appel de notre fédération la FNAF-CGT, les syndicats de gardien.nes de troupeaux ont envahit le salon de l’agriculture aux côtés de plus de 150 ouvriers agricoles venus faire entendre leur colère et leurs revendications au patronat agricole et au ministère de l’agriculture. Les dernières mesures prises par le gouvernement vont avoir des conséquences catastrophiques pour les salariés agricoles. Derrière le mot d’ordre de ne plus avoir de normes ce sont notamment les normes sociales qu’ils visent.

Tract des SGT

Dans les départements pastoraux, nos syndicats bataillent pour obtenir des salaires et des conditions de travail dignes. Durant les négociations, les FDSEA nous font comprendre qu’elles envisagent de ne nous lâcher que des miettes et sautent sur la moindre occasion pour annuler les commissions paritaires.
Nous avions obtenus l’ouverture de négociations nationales pour les gardiens de troupeaux. Alors que ces dernières venaient à peine de débuter, nous apprenons que la FNSEA refuse désormais de siéger !

Notre action au salon de l’agriculture a permis une rencontre avec le directeur de cabinet adjoint au ministre de l’agriculture, alors que celui-ci avait été contacté par les organisations syndicales et n’a jamais donné de réponse. Une date de réunion a ainsi pu être fixée afin de porter nos revendications

Merci aux camarades du syndicat d’ouvriers viticoles de Champagne pour la réalisation de leur vidéo.

communiqués de presse février 2024

Voici les communiqués de la FNAF-CGT et celui de l’intersyndicale pour l’agriculture : CGT-FO-CFTC-CGC, suite à la dénonciation de plusieurs conventions collectives, ainsi que la position de l’intersyndicale par rapport a la décision du gouvernement de faire rentrer les métiers de la production agricole comme des métiers « en tension »

Communiqué de l’intersyndical: NOUS N’ACCEPTERONS PAS
DE REMISE EN CAUSE DES DROITS SOCIAUX

Communiqué de la FNAF-CGT: ZONE DE NON DROIT

avis-intersyndical_metiers-en-tension

Garantir aux saisonniers agricoles des conditions de travail et d’accueil dignes

Suite au colloc organisé le 1er décembre 2022 par la FNAF-CGT, une proposition de loi visant à garantir aux travailleurs saisonniers agricoles des conditions de travail et d’accueil dignes a été déposée par le député André Chassaigne :

https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/textes/l16b1967_proposition-loi#

Cette proposition de loi reprend plusieurs de nos revendications, notamment l’octroi de la prime de précarité pour les contrat saisonniers et la reconnaissance de l’expérience dans la branche.

Actuellement les travailleurs saisonniers ne bénéficient que d’une prime d’ancienneté liée aux périodes effectuées chez un même employeur. Or, le propre de nos carrières de travailleurs saisonniers, c’est que nous cumulons de nombreux employeurs. Notre expérience n’est donc pas valorisée, alors même que dans la plupart des offres d’emploi, les éleveurs recherchent des « bergers expérimentés »!