Archives de catégorie : Actualités

Stop au mépris, à l’oppression et aux basses manœuvres de la FNSEA !

Ce vendredi 15 novembre, une négociation pour améliorer les conditions des Gardiens de Troupeaux devait se tenir dans les Savoies. Mais celle-ci a été annulée 48H avant. La raison de cette annulation est une proposition de la FRSEA Aura de « régionaliser » les négociations gardiens de troupeaux, qui se déroulent dans les départements 73-74 et 38.

Notre syndicat estime que cette décision menace le travail que nous avons effectué depuis 2 ans dans ces deux départements. Nous souhaitons que les négociations en cours reprennent au plus vite, en Isère comme dans les Savoies, et nous continuerons à dénoncer chaque annulation, qui nous font perdre du temps alors que les bergers vivent des situations de souffrance au travail intolérables.

Voir le communiqué complet ici

En Savoie et Haute Savoie nous avons déjà gagné 6 jours de congés payés supplémentaires à la fin de l’estive, ainsi que des contrats de 44H minimum pour tous les bergers, aides bergers et vachers d’alpage.

Il aura fallu plusieurs mobilisations pour que les négociations aient lieu avec la FDSEA38. Malgré qu’une réunion sur deux ait été annulée, nous étions parvenu à tomber d’accord pour obtenir des avancées pour les gardiens de troupeaux en Isère, notamment sur la mise en place d’une prime d’équipement. Rappelons qu’aujourd’hui les gardiens de troupeaux déboursent chaque année plusieurs milliers d’euros dans leur équipement de travail, et qu’il n’existe aucune compensation: Chaussures et vêtements de montagne, habits de pluie, jumelles, parapluie en bois, sac à dos… Tout ce matériel est indispensable à notre sécurité et au bon déroulement de notre saison, et les salariés doivent être remboursés de leurs frais professionnels par les employeurs.

En avril 2023, le SGT38 se rassemblait devant la chambre d’agriculture pour demander l’ouverture de négociations

Reconnaissance des accidents du travail, une victoire qui en appelle d’autres !

Il y a plus d’un an Joséphine fut victime d’une pratique largement répandue dans notre métier. Comme beaucoup d’autres, elle commence à travailler avant le début de son contrat. Prendre connaissance de la montagne, acheminer du matériel, équiper la cabane…

Seulement ce jour là crac! Joséphine se blesse et s’en suit, en plus d’une saison foutue, plusieurs opérations chirurgicales, 6 mois en béquille et l’angoisse des séquelles à vie. Le patron, présent et témoin de l’accident refuse de reconnaître l’accident du travail. La MSA, largement dominée par la FNSEA refuse tout autant la reconnaissance de l’accident.

Malgré la déception et l’abattement, Joséphine prend contacte avec le SGT-CGT 38. Pour que son accident du travail soit reconnu, mais aussi pour tous les collègues victimes comme elle. Pour que cesse l’omerta en ce qui concerne les conditions de travail et les risques auxquels sont exposés les gardien.nes de troupeaux et tous les ouvriers agricoles.

Grâce à la solidarité des berger.es et l’action du SGT-CGT, justice a été rendue . Il aura fallu de nombreux témoignages de bergers dénonçant le caractère généralisé du travail dissimulé dans notre métier, ainsi que l’action déterminante d’une élue CGT à la MSA. Après 3 commissions de recours et la mobilisation d’un enquêteur, Joséphine a gagné. Cette victoire constitue un élément important pour imposer au patronat et à la MSA, la reconnaissance de notre métier et de ses dangers

Cette victoire n’est qu’un début et le combat continu. Nous exerçons un métier dangereux, fortement exposé aux accidents du travail, des accidents qui parfois nous coûtent la vie. Les Syndicats de Gardiens de Troupeaux ne cesseront de dénoncer l’attitude des patrons et de la MSA qui trop souvent refusent de reconnaître les accidents et maladies professionnelles.

Parce que tout travail mérite salaire et que tous les salariés doivent bénéficier d’une couverture sociale de haut niveau, les SGT revendiquent que le contrat de travail débute au moins une semaine avant la montée des animaux et termine une semaine après leur redescente. Nous portons aussi à tous les niveaux, de nombreuses propositions pour améliorer les conditions d’hygiène, de santé et de sécurité au travail des ouvriers agricoles. Pour cela, il faut tout d’abord en finir avec les exonérations de cotisations sociales.

Si tu es victime d’accidents, d’intoxication, d’agressions etc. ne reste pas seul, prends contacte avec le SGT de ta région.

Voir aussi le communiqué de l’USRAF sur le travail dissimulé

Des avancées en Savoie et Haute Savoie

Rassemblements, communiqués de presse, actions en tout genre… La lutte des Syndicats de Gardien.nes de Troupeaux CGT commence à porter ses fruits.
En Savoie et Haute Savoie nous avons obtenus 6 jours de congés payés supplémentaires en fin d’estive (qui jusqu’à aujourd’hui était uniquement pour les vachers), ainsi que des contrats de 44h/semaine pour tous les bergers, vachers, chevriers, y compris les aides bergers.

Il est parfois difficile de faire valoir nos droits lorsque l’on est seul face à un, voire plusieurs patrons. Avec le syndicat on n’est plus seul ! N’hésitez pas à nous contacter. Nous avons des solutions pour faire appliquer ces avancées sociales.

Ce n’est qu’un début, les négociations continuent avec le patronat agricole, notamment en ce qui concerne les primes d’équipement, l’indemnisation des chiens de travail, l’hygiène, la sécurité, les conditions de travail et les salaires.

La condition des victoires à venir, est la construction d’un rapport de force favorable aux ouvriers agricoles. Ensemble, nous pouvons faire plier les patrons du secteur.

Vive la lutte !
Bonne estive à toutes et tous !

Grève des gardien.nes de troupeaux

Aujourd’hui, les gardien.nes de troupeaux grévistes se sont mobilisés à Briançon. Cela fait 2 ans que nos syndicats sont en lutte pour l’obtention de conditions de travail dignes et des salaires décents. Si demain l’extrême droite accède au gouvernement, la casse sociale en court va s’accélérer mais nous ne laisserons pas le fascisme s’installer tranquillement au pouvoir, et exprimer impunément ses idées racistes, sexistes, homophobes.

Face à l’isolement et à la répression, les ouvriers agricoles s’organisent et construisent une solidarité qui nous permet de nous mobiliser. Exercer notre droit de grève, pour les travailleurs précaires que nous sommes, c’est prendre le risque de perdre notre emploi. Cet acte fort démontre que les gardiens de troupeaux sont plus que déterminés à lutter.

Face au FN,
face à la FNSEA,
nous ne lâcherons rien.

Les syndicats de gardien.nes de troupeaux contre le patronat et l’extrême droite à son service

Un appel à la grève à été lancé le 20 juin. Conscients des difficultés auxquelles font face les travailleurs des estives pour se mettre en grève, nous appelons les gardiens de troupeaux à cesser le travail au moins durant quelques heures, d’afficher des pancartes, banderoles et autres signes de contestation sur leurs cabanes, chiens, brebis… Envoyez vos images aux SGT, afin de montrer que jusque dans nos montagnes, nous ne lâcherons rien.

Tandis que les troupeaux rejoignent les estives, le RN est passé en tête aux élections européennes. En procédant à la dissolution de l’Assemblée Nationale, Macron a en toute conscience, ouvert les portes du pouvoir à l’extrême droite. Bien que cette décision en ai surpris plus d’un, elle est dans la continuité de sa politique ainsi que dans celle des gouvernements précédents, qu’ils soient de droite ou sociaux-démocrates : réforme des retraites, lois racistes, criminalisation de la lutte pour la Palestine, casse des conventions collectives…

Le patronat est le grand gagnant de la montée du fascisme, car elle permet de diviser les travailleurs et de réprimer sans pudeur les luttes populaires.

Pour rappel c’est le RN, joint aux macronistes, qui à l’Assemblée Nationale vote contre l’augmentation du SMIC (20/07/22), contre l’encadrement du prix des loyers (31/05/23), contre l’ISF (25/07/22). Et au niveau du parlement européen, le RN a voté contre la mise en place de salaires minimums en Europe, contre l’encadrement de la rémunération des stagiaires, contre une revalorisation des personnels soignants, et enfin, le 5 octobre 2022, le RN a voté contre la taxation des super-profits, pour ne citer que leur position vis a vis de la fiscalité et la valorisation du travail.

Nos syndicats appellent bien évidemment à ne pas donner une voix à l’extrême droite lors des élections. Nous sommes cependant convaincus que quelques soient les résultats, c’est par une mobilisation massive des travailleuses et des travailleurs que nous parviendrons à lutter pour le progrès social, contre les idées fascistes et gagner de nouveaux droits.

La meilleure des défenses étant l’attaque, nous opposons au pouvoir en place, au patronat et à l’extrême droite notre combat pour pouvoir vivre et travailler dans la dignité. Le patronat agricole n’a jamais eu à faire face à une organisation aussi déterminée à unir les travailleurs isolés que nous sommes. Ils savent que nous n’avons rien à perdre que des contrats précaires, des salaires dérisoires et des conditions de travail dangereuses. C’est pourquoi la victoire est la seule issue possible.

Malgré l’isolement et la précarité, nous construisons la solidarité par delà les montagnes et nous ne céderons pas à la résignation. Nous appelons donc les gardiens de troupeaux à se mobiliser par tous les moyens possibles.

Télécharger le communiqué en PDF

Logement: les saisonniers agricoles s’invitent au CESE

Hier, alors que le CESE présentait un avis sur le logement des travailleurs saisonniers, des salariés agricoles se sont invités à la 3ème chambre parlementaire (CESE) pour une initiative revendicative dénonçant les conditions indignes d’emploi et d’accueil des travailleurs saisonniers. Il y avait urgence à faire cet avis, mais certainement pas avec ce contenu qui dédouane totalement les employeurs aux dépens des collectivités territoriales. L’avis prend en compte le logement uniquement sous un aspect quantitatif, les participants se félicitant d’une approche globale, qui oublie pourtant les premiers concernés: les saisonniers.

Des propos scandaleux ont été tenus. Pour certains, nous ne sommes que des drogués qui font la fête, dérangeant les touristes et qui avons fait « un choix de vie nomade ».

Pour les gardiens de troupeaux, des solutions simples peuvent être adoptées pour respecter la dignité, la santé et la sécurité du salarié: fournir des bouteilles d’eau minérales pour que le salarié puisse boire sans s’intoxiquer. Mettre en place des toilettes sèches. Nettoyer le logement avant l’arrivé du salarié. Protéger les matelas de la poussière et des rongeurs. Fournir un frigidaire qui fonctionne à gaz ou sur des panneaux solaires. Réviser le système de chauffage chaque année. Ces pratiques simples et peu onéreuses changeraient grandement nos conditions de travail et elle ne sont même pas adoptée par la plupart des employeurs! Sans oublier qu’il est indispensable d’avoir des logements nous permettant de travailler correctement, en disposant d’un local pour le rangement du matériel, croquettes, sulfate de cuivre… et de deux chambres séparées en cas de double poste.

La CGT a voté contre cet avis. Les autres organisations syndicales ont voté pour, ou se sont abstenues. Du côté du patronat agricole, la FNSEA applaudit des deux mains tant ce texte est exclusivement au service des employeurs. La confédération paysanne n’a pas daignée se déplacer.

En plein milieu de la séance, suite à l’intervention de notre camarade Anne Garetta, nous, saisonniers agricoles, avons lancé des flyers et déployé une banderole sur laquelle était inscrit « Patronat agricole marchand de sommeil et d’esclaves ». Nous avons brisé l’entre-soit nauséabond qui régnait en faisant entendre la voix des saisonniers agricoles. Le combat continu pour des conditions de logement dignes, pour que plus jamais un saisonnier agricole ne soit victime d’intoxication parfois mortelles, dû à l’insalubrité et à la négligence patronale.  Contre le pouvoir en place au service du patronat.

Lire l’intervention de Anne dans le communiqué de la FNAF-CGT

Et pour le plaisir, réécoutons l’excellent clip Niche à chien:

L’exploitation et la notion de « métier passion »

A l’occasion du rassemblement des bergers en lutte à Batsère, le syndicat a organisé plusieurs temps d’échange. L’un d’entre eux mettait en discussion la notion de “métier passion” avec l’ouvrage : Te plains pas, c’est pas l’usine de Lily Zalzett, Stella Fihn.

Quand on travaille dans une association, on est censé y trouver du sens, on est censé être en adéquation avec des valeurs et non avec une logique de profit. Faire corps avec son boulot : une chance inestimable ?

À rebours de cette image, ce livre rend compte de modalités d’exploitation insidieuses, dissimulées derrière l’idéologie du civisme et de l’engagement associatif : rapports hiérarchiques brutaux, chantage à la responsabilité, injonction permanente à ne pas compter ses heures, utilisation sans mesure du bénévolat et des services civiques.

« Mais te plains pas, tu pourrais bosser à l’usine ! »

Écouter l’épisode 2 de l’émission de l’actu des luttes: Métier passion, piège à con? Un parallèle entre métier de berger et travail associatif.

Falsifier nos horaires de travail

Lorsque les éleveurs nous confient leurs troupeaux, nous devons nous en occuper en autonomie, en étant présent 24/24H sur notre lieu de travail. Nous sommes rémunéré 35H à 44H par semaine, quelque soit le temps réel que nous avons travaillé. Notre rémunération est bien en deçà de ce qu’elle devrait être, et le temps de travail (vraiment) réalisé va bien au-delà du temps de travail légal.
En 44H, nous devons nourrir les animaux, les soigner et les protéger des prédateurs, tout en gérant la ressource en herbe et respecter d’éventuelles MAEC. Si l’on considère qu’une brebis doit pâturer 8H par jour (en montagne, c’est souvent plus), sur une semaine de 6 jours, cela représente déjà 48H uniquement pour la garde. A cela, on rajoute le temps de la chaume, faire les parc, soigner les animaux, entretenir les installations, effectuer le ravitaillement, faire les constats de prédation, rechercher des bêtes, soigner les chiens…
Cela fait beaucoup d’heure de travail qui n’apparaissent pas sur la fiche de paye ! Nous sommes dans une situation de travail dissimulé qui est généralisée.

Pour les gardiens de troupeaux, c’est la triple peine:

  • Nous sommes forcés de travailler « gratuitement » puisque nous ne sommes pas rémunérés pour toutes les heures supplémentaires que nous effectuons au delà de nos contrats.
  • Toutes ces heures non déclarées ne sont comptabilisées ni pour notre chômage ni pour nos retraites.
  • Cette surcharge de travail a un coût: nous la payons de notre santé.

 

Durant la saison d’estive 2023, de nombreuses bergères et bergers se sont heurtés a un problème similaire et qui ne date pas d’hier : les éleveurs nous demandent de mentir, et de signer des fiches horaires trafiquées destinées à l’inspection du travail!

Il fait effectivement partie de nos obligations en tant que salariés agricoles de remplir des fiches qui renseignent nos heures effectuées – qu’on le fasse ou non, on est sensé les remplir.
Les éleveurs, conscients qu’en estive nos horaires réels sont loin d’être ceux spécifiés sur notre contrat de travail (qui parlent de 44h maximum par semaine), nous demandent avec plus ou moins d’insistance de remplir ces feuilles en mentant.
Chantage à la réembauche l’an prochain, chantage au versement du salaire, chantage à l’édition de la fiche de paie, tous les moyens sont bons pour convaincre les berger.es de se plier à la consigne – même les moins jolis!
Seul.e dans la montagne, avec la fatigue accumulée, difficile de tenir tête à ceux qui nous embauchent, même quand on sait que ce qu’ils nous demandent est illégal et abusé.

Pourquoi font-ils cela?
La FNSEA conseille aux éleveurs de faire remplir les fiches horaires selon les intérêts des employeurs. Nous déclarer 44h n’est pas en accord avec la réalité de notre travail mais permet de justifier les petits salaires qu’on touche – ils n’auront jamais intérêt à ce que la réalité de notre travail soit chiffrée !

Mais alors que faire ?
Certains bergers sont arrivés à un accord avec leur employeur : ne pas écrire sur les fiches en question les horaires précis, mais seulement spécifier lorsque les jours ont été travaillés et les repos pris. Les horaires sont notés à part. Cela permet aux éleveurs de rendre quelque chose en cas de contrôle, et aux bergers de produire des documents qui attestent de la réalité des heures effectuées.

Pour celles et ceux qui ne peuvent pas faire autrement que de signer des feuilles horaires vierges ou que de mentir : il est fortement conseillé de noter A PART ses horaires réels. Il peut même être pertinent de spécifier, par écrit, les pressions subies – que ce soit par mail ou par SMS, afin de laisser des traces écrites. Un simple « J’ai remplie la fiche horaire avec les faux horaires que tu m’as demandé » suffit, en cas de conflit, à prouver qu’une pression a été mise.

Si, lors des négociations des avenants départementaux ou même d’un avenant national, la FNSEA ose s’appuyer sur des feuilles signées qui parlent de 44h effectives par semaine, nous leur opposeront les cas des camarades qui subissent la pression, ainsi que des fiches horaires RÉELLES que nous avons récoltées.

Il ne s’agit pas de compter nos heures à la minute : avec les SGT, nous nous battons pour que les spécificités du métier de gardien de troupeaux soient reconnues – y compris au niveau des horaires.


N’hésitez pas à témoigner, même anonymement :

  • sgtpaca@riseup.net
  • sgt38@riseup.net
  • syndicatdespatresdu65@gmail.com
  • sgt_ariege@riseup.net