Bergère – Sexisme ordinaire

« Coucou beauté ça va » c’est l’éleveur voisin qui m’envoie ce sms, il est 8h du mat’.

Hier, on s’est rencontré par hasard, et comme nos troupeaux vont se croiser sur le quartier d’août, je lui ai passé mon numéro pour qu’on puisse s’organiser au cas où. 30 secondes après avoir démarré son gros 4×4, il m’écrit un sms, sûrement très spontané, et sûrement au volant «  j’étais loin de me douter qu’il y avait une si jolie bergère … » avec un emoticone clin d’oeil 😉

Ok. rien de grave, c’est « juste un compliment » mais je réponds quoi moi?
Pas le temps de réfléchir trop longtemps, un deuxième sms : « le prends pas mal, c’est loin d’être méchant » Bon, je réponds un truc un peu sec mais excusant, j’écris « pas de soucis »
Trop nul comme réponse ! Je voudrais avoir de la répartie. Je repense a tous les stage d’auto-défense féministe que j’ai fait… Allez, la punchline là… On est dans une relation éleveur – salariée, ça craint ! Encore une situation inappropriée et insistante. Et voilà le téléphone bip à nouveau : « Si tu as un copain je voudrais pas foutre la merde quoi » Ho mais il est zinzin lui ! Y a encore des gars qui pensent que si tu as pas de mec, tu es dispo ?! Il est 21h, je réponds rien de plus, y va bien me lâcher celui-là. Mais voilà, ce soir, je ferme quand même ma porte à clé, solo dans ma cabane isolée mais bien accessible par la route.
Le lendemain matin , 8h30 « coucou beauté ça va », il m’a appelé beauté ! Ca fait pas 24h qu’il a mon numéro et déjà 4 sms du genre. Je suis furieuse ! Bon , pas de punchline, mais une réponse claire et ferme : « salut, j’ai donné mon numéro pour être dispo pour ce qui concerne l’estive, et je ne suis pas d’accord pour être contactée en dehors de ce qui concerne le travail. Je ne suis pas intéressée et j’aimerai qu’on en reste là, bonne journée. »


Voilà c’est un témoignage assez banal, qui met en lumière la vulnérabilité que l’on subit quand on travaille isolées : sur des exploitations agricoles – ou en alpage. Il y a des employeurs, ou des voisins, ou encore des binômes, qui se permettent des avances de manière insistantes. Je vomi ce fantasme de la bergère toute seule qui attends qu’on lui rende une petite visite. Combien de fois on m’a dit au village « ha, c’est toi la bergère, je passerai te voir à la cabane ! »

« bien sur que non, je ne souhaite pas de ta visite ! »
Ni de tes regards lubriques !