Je travaille sur une ferme, depuis plusieurs années.
Peu à peu, les éleveurs l’abandonnent et soignent les bêtes de plus en plus mal.
Il y a beaucoup de mortalité, beaucoup de boiteuses.
Des charognes laissées sous le fumier et ressorties par un animal qui puent, d’autres plus fraîches qui gonflent en attendant l’équarrissage.
Cette année, alors que je n’ai pas été augmentée suite à l’augmentation du SMIC (je gagne un peu plus), on m’a plusieurs fois dit que je coûtais trop cher, qu’il ne fallait pas que ma journée coûte plus que le foin qui est mis quand je m’absente.
La maison de l’éleveur surplombe la ferme, et cet hiver il s’est fait construire une piscine sur la terrasse.
En ce moment, je travaille au milieu des bêtes mortes dans la poussière et la chaleur, et pendant ce temps lui il se baigne avec sa femme et ses enfants, ses amis qui viennent prendre l’apéro.
Il m’épargne de me saluer, il m’ignore quand il est dans l’eau.
Je coûte trop cher mais le mépris de classe ça n’a pas de prix.