Vacher

C’est le début de saison, j’arrive à la cabane, les souris ont chié partout.

J’allume la lumière et l’électricité ne marche pas. Fais chier, je vais temporiser, me servir un verre d’eau, mais je me rends compte en tournant le robinet que l’eau ne coule presque pas.
À la base j’étais content d’arriver à la montagne, mais au bout de 5 minutes j’ai déjà envie de me barrer. Je démonte le robinet et je trouve plein de bestioles mortes dedans. Maintenant l’eau coule mais j’ai plus envie de me servir un verre.

Je sors de la cabane et marche 30 minutes pour trouver du réseau et appeler mon patron.
Il décroche et je lui raconte que la cabane n’est largement pas prête. Il me répond qu’il a pas le temps parce qu’il est en train de charger les vaches dans le camion qui me les amène au bas de la montagne dans quelques heures.

Il me dit de voir avec la commune du village car c’est elle qui gère mon logement, puis il raccroche.

En fait ici c’est un hébergement saisonnier où je vais vivre 5 mois. Peu importe que ce soit la commune ou qui que ce soit d’autre qui gère ce logement.

C’est à mon patron de s’en occuper pendant l’hiver. D’appeler la commune à l’avance pour s’assurer de mes conditions de travail à moi, son salarié qui va entretenir son capital pendant presque une demi-année.

En rentrant à la cabane je rumine. Je pense à tout ce qu’il me laissera pas le temps de me plaindre de cette histoire de cabane.

Il va d’abord me parler des trucs que j’ai à faire cet été. En prenant un temps pour pleurer sur le fait que je lui coûte trop cher, qu’il doit rembourser l’emprunt de son troisième tracteur rutilant tout en étant adossé à mon vieux fourgon moisi de 1991 dans lequel mes affaires de l’été seront restées bloquées en attendant que je rende ma cabane salubre.
De retour à ma cabane je me mets à nettoyer.

Au premier placard que j’ouvre, dans une de mes casseroles, je tombe sur des bébés souris dans leur nid.
Pour pas que ça prolifère je devrais les buter vite fait bien fait.
Mais elles sont choupi les bébés souris et en vrai la seule chose que j’ai envie d’éclater là maintenant, c’est mon patron…